Diriger, être le numéro 1 et bénéficier des honneurs de pouvoir, être celui ou celle à qui tout le monde reporte et surtout de qui les gens peuvent obtenir des faveurs ou des défaveurs est l’une des choses les plus flatteuses que vous pouvez vivre. Mais il y a de belles surprises réalistes qui attendent ceux qui sont déjà ou aspirent à devenir DG.
1- Les décisions difficiles vous seront soumises la plupart du temps
On peut le dire. L’une des choses que le Directeur Général ou le dirigeant d’une entreprise fait souvent et très souvent, c’est de prendre des décisions difficiles et des décisions qui peuvent avoir des conséquences désastreuses, qui vont être critiquées, qui peuvent engendrer et vont engendrer des troubles internes et externes et qui vont causer des pertes d’emplois et d’argent.
Si vous avez déjà suivi Scandal, 24H Chronos et Le Survivant Désigné avec Mr Président Américain dans la Situation Room (Salle de crise) et tout le monde se tourne vers lui pour attendre la décision difficile, vous avez compris… C’est ce qu’un DG vit tous les jours. Et il n’y a pas à s’en faire. C’est le fond même du travail.
2- Les gens compteront sur vous pour prendre la mauvaise décision
En plus des décisions difficiles qui en général sont bonnes à prendre même si leurs conséquences peuvent être terribles et lourds à porter, lorsque vos collaborateurs savent que la décision qui est devant eux est une très mauvaise décision et qu’ils ne voient pas ce qu’il y a lieu de faire, ils viendront vous la soumettre.
Ils compteront sur vous pour évaluer et analyser et savoir que ce n’est pas la bonne décision et prendre la décision alternative, celle-là qui est bonne et s’impose. En général ils se comportent ainsi parce qu’ils sont coincés et ils comptent vraiment sur vous. Il peut arriver qu’ils le fassent pour vous piéger. Mais ne vous en faites pas. Ayez en place un dispositif pour prendre la bonne décision. Si c’est à eux de décider renvoyez-les à eux-mêmes sachant que quoi qu’il en soit vous restez responsable des conséquences. À ce propos, c’est mieux de les aider et leur apprendre à analyser et prendre la bonne décision.
3- Vos instructions ne seront pas suivies si vous ne faites pas le suivi
Cela ne voudra pas dire que vous n’avez pas de l’autorité. Même lorsque les gens vous respectent et que vous avez de l’influence sur eux, il arrive bien souvent que les gens ne suivent pas vos instructions. (A vrai dire, vous ne devriez pas donner des instructions mais créer un cadre de pilotage et de suivi de la performance).
Souvent les gens ne suivront pas vos instructions parce qu’ils sont surchargés et débordés, mal organisés ou dépassés; soit parce qu’ils ne connaissent pas les ordres de priorité ou ne savent pas prioriser, ils n’aiment pas le travail ou ne savent pas le faire ou font exprès. Dans l’un ou l’autre cas, c’est à vous de faire le suivant en leur envoyant à tour de rôle les trois (3) messages suivants :
- N’oubliez pas que nous devons…
- Où en sommes-nous par rapport à…
- Qu’est-ce que je peux faire pour t’aider ?
4- Vous pouvez perdre votre emploi à tout moment
Souvent un gros scandale causé par vous-même ou par vos collaborateurs peut vous faire partir. Vous pouvez rapidement devenir indésirable (si votre relationnel avec vos équipes et votre conseil d’administration ou votre directeur régional n’est pas excellent). Et le plus difficile : « Vous entrerez à chaque conseil d’administration avec un emploi et pouvez en sortir sans emploi ». Si vous avez accumulé deux ou trois exercices sans atteindre les objectifs, autant préparer votre lettre de démission (et appeler votre avocat au cas où une enquête sera diligentée pour évaluer votre gestion).
Quelques rares fois le gouvernement local peut vous déplacer « Persona non grata ». Et comme chacune de vos décisions peut conduire à de telles éventualités, vous pouvez perdre votre poste à tout moment.
5- Peu de gens vous diront la vérité
Comme partout, vous aurez droit à des hypocrites et à des menteurs. Mais très souvent, on vous cachera la vérité pour gagner du temps ou pour s’éviter vos représailles. Lorsque les choses vont mal les gens voudront les masquer les choses en se disant qu’ils auront le temps de les corriger avant les prochains contrôles avec pour conséquences que les choses peuvent prendre une proportion incontrôlable et tout tombera sur vous.
Si vous ne diligentez jamais des audits, n’allez jamais sur le terrain dans les magasins, les points de ventes, les démembrements (et n’avez pas des gens qui croient en vous et veulent vous aider et veulent bien faire leur travail de supervision), vous allez être surpris de retrouver le volcan du jour au lendemain jusqu’à votre table à manger.
6- Vous n’allez pas pouvoir conserver 100% de vos valeurs ni les respecter à 100%
Et ce ne serait pas parce que de vilaines choses se font en haut. Pas forcément. En réalité, les valeurs ne sont jamais les mêmes lorsque vous changez de cadre. D’une culture à l’autre, d’une entreprise à l’autre, d’un pays à l’autre, d’un niveau hiérarchique à l’autre, les valeurs et les principes qui s’imposent ne sont pas les mêmes. Souvent, c’est le fait de vouloir appliquer les règles de là où vous venez qui vous empêchera d’être performant.
En tout cas, vous n’allez pas réussir en pensant et en voyant et en faisant les choses de la même manière. Certaines règles et principes (et nouvelles valeurs) s’imposent en fonction du niveau auquel vous êtes et de ce qui y marche. Autant vous actualiser pour ne pas porter du noir au Japon quand les gens sont en deuil (Les japonais portent du blanc dans ce cas).
7- Vous aurez très souvent envie d’abandonner
Les choix et les défis à gérer en tant que Directeur Général sont tels que vous serez très souvent en face de situations qui vous dépassent. Et ce n’est pas un seul jour de l’année ni une seule fois dans la journée. Parfois c’est plusieurs fois dans une même journée. Dans une mesure comme celle-là, c’est normal d’avoir souvent et très souvent envie d’abandonner; surtout que certaines situations peuvent perdurer et s’enchaîner au point où vous serez à chaque fois à bord de souffle. Mais c’est tout l’enjeu du job.
8- Si vous êtes dans un groupe, vous ne serez autonome que sur papier
En tant que Directeur Général, il y a beaucoup de choix que vous serez libre d’opérer et vous disposez de beaucoup de pouvoirs surtout en matière d’allocation et d’attribution d’avantages. Cela peut vous donner un sentiment de puissance… mais en général et surtout si vous êtes dans un groupe, vous ne pourrez opérer que des choix validés par le cadre stratégique et budgétaire et hors de ces deux cadres, vous n’avez presqu’aucune autonomie. Et le cadre peut changer du jour au lendemain et votre marge de manœuvre largement réduite.
Ne vous en faites. Chaque faveur à ses exigences. On ne les voit pas toujours au premier coup et on peut penser que la pièce a une seule face. Mais comme en toute chose, l’autonomie et la liberté sont toujours plus encadrées que ce qu’on peut imaginer.
9- Vous n’allez pas pouvoir mener une vie ordinaire
Si vous ne vous occupez que d’une seule fonction lorsque vous êtes directeur ou vice-président, le directeur général doit couvrir et coordonner plusieurs fonctions. En plus de cela, son champ d’intervention va s’élargir aux relations avec le Conseil d’Administration, le gouvernement ou les autorités locales, les partenaires stratégiques et autres. En plus de cela il y a les invitations officielles à représenter l’entreprise, les sollicitations pour intervention publique et les galas…, la participation aux activités d’association d’hommes d’affaires.
Et si vous êtes dans un groupe, avez beaucoup de partenaires à l’étranger, vous allez être amené à beaucoup voyager. Vous n’allez pas pouvoir rentrer à 17h tous les jours et si vous êtes en expatriation, vous n’allez pas pouvoir emmener la famille avec vous immédiatement après une nomination ni toutes les fois où vous serez affectés.
Dans une mesure comme celle-là, impossible de mener une vie classique, normale et ordinaire.
10- 95% de vos bonnes décisions seront inconcevables
En tant que Directeur Général, vous aurez toujours une vue plus globale et des informations plus complètes et diversifiées que la plupart de vos interlocuteurs. Et le poids et les conséquences de vos choix sont tels qu’il y a plusieurs variables dont vous devez tenir compte et que personne ne connaît et ne voit sans oublier votre intuition qui jouera un rôle important. Et cela dit, vous ne prendrez que de décisions peu consensuelles. Les bons résultats sont consensuels mais les décisions qui y conduisent le sont rarement. C’est pour cela que vous devez laisser les résultats désirés vous imposer les choix à faire autrement vous penserez comme le commun des mortels avec des choix évidents conduisant à des résultats pas toujours exceptionnels.
11- Vous serez tenté de mentir sur vos chiffres ou les masquer (lorsqu’ils sont terribles)
Personne n’aime aller présenter de mauvais résultats ni devant un conseil d’administration (surtout) ni devant les partenaires ou actionnaires. Ne soyez pas gêné si vous êtes tentés. Le seul truc c’est que vous devez dire la vérité sur les chiffres, les accepter et vous challenger et les corriger. Un manager est ajusteur et un déplaceur de curseur. Mais il doit le faire en engageant des actions provocatrices de résultats. Il doit posséder ses résultats et se battre pour les améliorer. Si vous mentez sur vos performances, ne déclarez pas les pertes pour faire comme si tout est parfait, votre subconscient retiendra tout et verra qu’il n’y a rien à améliorer. Avec également le temps, après recul, tout le monde saura que vous n’avez jamais pris le poste au sérieux.
12- Aucun de vos mauvais choix ni mauvaises attitudes ne restera impunis
La criticité et la sensibilité de la fonction sont telles que tout choix que vous opérez et toute décision que vous prenez auront un impact immédiat sur l’organisation. Et c’est tout ce qui prend de l’importance et de l’envergure lorsque c’est vous qui êtes aux commandes.
Vous êtes laxiste, népotiste, vous manquez de rigueur personnelle et organisationnelle, avez du mal à contrôler vos nerfs, faites du favoritisme et l’ensemble de l’organisation en sera infectée et infestée automatiquement.
Cela ne voudra pas dire que vous devriez être frileux ni méfiant et indécis. Vous aurez juste besoin d’être correct, exemplaire et privilégier la performance et les relations durables. Si vous sentez le doute, obtenez des données pour plus d’analytique avant la prise de décision, sollicitez un mentor ou un coach pour vous guider ou laissez les experts internes décider avec vous.
13- Très peu de gens s’intéresseront si vous êtes évincés
L’une des grandes faveurs du fait d’être Directeur Général ou d’être celui qui commande une organisation au niveau national ou régional, c’est que vous allez susciter beaucoup d’intérêts. Vous n’aurez pas besoin d’être beau ni bien habillé. Tout le monde voudra être dans vos bonnes grâces et vous serez tenté en abuser.
Et justement si vous êtes tentés, n’oubliez pas que la majorité des gens qui cherchent à vous rencontrer avec empressement ne s’intéressaient que très peu à vous lorsque vous n’étiez pas au poste. Du coup, pour une grande majorité d’entre eux, leurs intérêts pour vous ne dépasseront pas votre départ du poste. Et ce ne sera pas de l’ingratitude.
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Par Hermann H. CAKPO
Article apparu la première fois sur le site www.hcmagazines.com